La diffusion du rapport parlementaire « Réglementation et impact des différents usages du cannabis » rendu public le 5 mai dernier, a permis d'ouvrir le débat sur la légalisation du cannabis. Mais si les députés refusent le statu quo, de nombreux responsables politiques ont exprimé leur refus de toute évolution de la législation dans ce domaine. Le trafic de cannabis peut continuer de pourrir la vie des habitants des quartiers les plus pauvres.
Grâce au rapport parlementaire « Réglementation et impact des différents usages du cannabis » rendu public le 5 mai dernier, le débat sur ces questions ne se réduit plus à un combat binaire entre les opposants et les militants favorables à sa légalisation.
Dans leur rapport, les parlementaires exposent clairement les effets délétères de la consommation précoce du cannabis chez les plus jeunes, en s’appuyant notamment sur des travaux récents de l’Inserm.
Ils s’intéressent longuement aux retours d’expériences des pays qui ont choisi de légaliser la production, la distribution et la consommation de cannabis - Uruguay, 12 états américains (dont le Colorado depuis 2012), - Canada (2018).
L'Europe pour le moment reste très prudente sur ces questions. Pays-Bas, Allemagne, et Portugal ont choisi pour le moment la voie de la dépénalisation. Consommer du shit n’est plus un délit, mais le trafic de stupéfiants continue de prospérer, puisqu’il n’y a pas contrôle de la production de la matière première.
Les auteurs du rapport expliquent qu’ils sont favorables à une évolution du cadre législatif actuel et à la légalisation de la production, de la distribution et de la consommation du cannabis. À la suite de ces travaux, de nombreux responsables politiques se sont exprimés sur le sujet, dont le président de la république, condamnant par avance toute évolution législative dans ce domaine. Et pourtant ! La prohibition a montré son inefficacité : chaque année environ 130 000 consommateurs sont interpellés pour 5 millions d’usagers. Les crédits alloués à la lutte contre le trafic de stupéfiants ont doublé entre 2012 et 2020. Pour quels résultats, alors que le trafic de cannabis continue de pourrir la vie des habitants des quartiers où se déploient les points de vente (violences, assassinats entre groupes rivaux pour contrôler le trafic). Selon l'INSEE, plus d'un milliard € alimente chaque année les réseaux criminels pour le seul trafic de cannabis.
En plus du rapport parlementaire, d’autres publications récentes peuvent aider à comprendre les enjeux de la légalisation du cannabis (sanitaires, sécuritaires, économiques…) même si la plupart des publications vont toutes dans le même sens, et envisagent une évolution de la législation actuelle.